Les fondements philosophiques de la démocratie moderne

Maxence Hecquard    François Xavier de Guibert

 émission de Radio Courtoisie ,Trésors en poche du 3 Févier 

 

Ce 20 ème siècle devait voir la victoire totale de la démocratie sur le mal. Or on a vu des régimes démocratiques bombarder des villes, soutenir des régimes extrémistes religieux , et incarcérer pour délits d’opinion comme sous le bon vieux régime soviétique ….Pour comprendre toutes ces dérives, le livre magistral de Maxence Hecquard . Livre philosophique bien sûr, ma, non troppo .La préface du professseur Magnard campe la situation : « Fastueux manteau  jeté sur une réalité qu’elle voudrait faire valoir quand elle la dissimule, la démocratie n’est elle pas devenue l’agent d’une volonté de mystification? A quoi sert elle aujourd’hui d’alibi dans un Moyen Orient que ravage la guerre ou dans une Afrique Noire en proie à la subversion ? Emballage factice d’impérialismes économiques, comme aussi d’ambitions ou de cupidités sordides, la démocratie est trop souvent le cache misère de la médiocrité des politiques et la couvertures d’intérêts particuliers dissimulés sous un  universalisme emprunté. Loin de donner un visage à la réalité nationale, l’invocation de la démocratie constituerait une confiscation des forces vives de la nation appelées à s’engager dans des chemins douteux? La démystification ne peut qu’être souhaitable. Les choses cependant ne sont pas aussi simples.La puissance de la mystification tient à ce que l’on a donné à la démocratie une fonction idéologique. Point d’honneur d’un monde sans honneur, elle en dissimule les carences secrètes sous les apparences d’une spécieuse santé; bien plus, elle accapare et aliène à son profit les forces vives d’une société qui aurait meilleur compte à faire le ménage en son propre sein.Un mécanisme de substitution l’érige en religion séculière, galvanisant les énergies à des fins qui ne sont pas les leurs.On voudrait se persuader que la sécularisation conserve en l’état les fondations caritatives, hospitalières, éducatives, sanitaires et sociales qu’elle a cru devoir désacraliser. Quand le processus s’en prend à l’ensemble de l’édifice théologico-politique, encore faudrait il être assuré qu’il opère une simple séparation du temporel et du spirituel, rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. L’ennui est que les fondations laïcisées ont perdu, avec leur âme, le principe régulateur qui leur permettait de fonctionner dûment, mais il est aussi que les institutions désacralisées ont toujours tendance à se resacraliser, ce qui va faire l’abusive autorité de cette religion séculière et explique son ascendant. Par un processus de substitution, la démocratie, dans un monde sans Dieu, se fait fort de porter les espérances d’une humanité toujours en quête de son unité. Ce déplacement du religieux est déjà en lui même , une chose grave. Que les valeurs d’humanité, de liberté, d’égalité et de fraternité dont elle se recommande soient compromises dans une entreprise destinée à donner le change, en dissimulant ses propres fins, est chose plus grave encore, s’il est vrai que la perversion passe en malice l’impiété. »Bref cette préface du professeur Magnard est déjà un événement.

Maxence Hecquard  démonte le système démocratique comme l’on démonte une horloge, nous raconte de façon lumineuse Péricles à Athènes, Saint Thomas d’Aquin et sa science des oeuvres humaines divisée en trois parties, la monastique ou science des fins dernières, l’économique ou science de la vie des familles et la politique ou science de la multitude civile et quelques autres portraits méconnus qui ont échappé à notre instruction. Il nous montre comment la recherche du bien commun au singulier s’est réduite à celle des biens communs au pluriel et pour un nombre restreint …Il définit l’élite politique et les fonctionnaires exactement comme on peut les voir chaque soir dans la lucarne: « L’élite sait qu’en l’absence d’ordre moral reconnu, les charges lui seront attribuées, non sur sa vertu, non  même sur ses capacités à remplir les devoirs de ces charges, mais sur son habilité à persuader la masse de les lui confier. Il ne s’agit pas d’être un homme intègre ou compétent : l’intégrité n’a aucun sens dans un régime qui ne professe pas de morale et la compétence appartient à des a-politiques: les fonctionnaires. Il s’agit de gagner les élections, et , pour cela il faut « être communiquant », il faut « bien passer » à la télévision. Comme l’avait bien vu Platon, la démocratie devient le régime des flatteurs. »

L’auteur nous explique un autre mensonge, celui  de Jacques Maritain dont les écrits étaient parachutés par les avions américains sur la France à la fin de la guerre : « L’idéal démocratique est le nom profane de l’idéal de chrétienté. » Définition à l’origine d’un certain nombre de mensonges plaisamment exposés à longueur de pages dans La Croix, organe de la sainte démocratie chrétienne. Puisque la démocratie est une religion on doit stigmatiser ses hérétiques : « Dans un société laïque d’hommes libres, écrit Maritain, l’hérétique est celui qui brise « les croyances et les pratiques communes », celui qui prend position contre la liberté (d’enfermer les coupables de délits par exemple…), ou contre l’égalité fondamentale des hommes, ou contre la dignité et les droits de la personne humaine,( les droits des assassins récidivistes d’Anne Lorraine et de Laetitia par exemple..) ou contre le pouvoir moral de la loi. » Maritain prescrit de les combattre avec la dernière énergie. »

« Mais,selon Maxence Hecquard la démocratie chrétienne est moins un christianisme  qui se fait démocrate qu’une  démocratie qui se sert du christianisme . Instrumentant ainsi le Christ  au service des Lumières, Maritain comme Nietzsche, passe  à côté du véritable christianisme : le Christ ne nous demande pas d’aimer un genre humain universel et abstrait, Il nous demande d’aimer notre prochain, c’est à dire un être singulier. » 

Dernière critique de l’auteur  que je citerai : comme toutes les idéologies déconnectées du réel, la démocratie n’arrive jamais, elle est en progrès, elle doit s’améliorer , demain elle sera parfaite et l’avenir sera radieux, comme les marxistes l’annonçaient eux aussi. En attendant, ici et maintenant, débrouillez vous….laissez nous tranquilles aux affaires .

Lisez ce livre important, vous comprendrez infiniment mieux notre temps.

Anne Brassié

Ce contenu a été publié dans Agenda. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Les fondements philosophiques de la démocratie moderne

  1. « …Lisez ce livre important, vous comprendrez infiniment mieux notre temps. »

    Vous trouverez le livre de Maxence Hecquard, sur Livres en famille :

    http://www.livresenfamille.fr/p1769-maxence_hecquard_les_fondements_philosophiques_de_la_democratie_moderne.html

    Bienvenue !

  2. Effectivement, la démocratie est autant le drapeau des mystificateurs que des idéalistes « utiles » dont l’intelligence a pu être mise en doute par des acteurs notables de l’histoire contemporaine.
    Il est important d’y réfléchir avec lucidité, c’est-à-dire éclairé par de bonnes lumières et non aveuglé par d’autres projecteurs. Malheureusement, le bombardement médiatico-politique incessant occupe les esprits, trop enclins à se contenter d’un mot.
    Ce nominalisme oscille entre la spéculation et l’infantilisme. Mais cela est un thème que je développerai plus tard.
    Que ce livre aide à l’émergence d’une pensée améliorée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *