L’art forgé par le christianisme

Institution du rosaire, tableau de Tiepolo en l’église vénitienne de Notre Dame du rosairetiepolo24rosaire

L’art forgé par le christianisme

 

Dans ses mémoires récemment parues Jean Clair fait des déclarations extraordinaires, non pour nous, lecteurs de Présent  mais pour le milieu d’art contemporain qu’il a fréquenté une grande partie de sa vie, en organisant une exposition sur Marcel Duchamp et en dirigeant le Musée Picasso.  Piss Christ , cette photo d’Andres Serrano, d’un crucifix  plongé dans un verre d’urine l’a mis hors de lui. Il évoque Satan: « Oui Satan… ce qui m’étonne c’est que le monde actuel ne croit pas au mal. …Elevé dans la religion catholique, je ne suis plus pratiquant pour diverses  raisons, mais je suis de plus en plus frappé par la puissance et la beauté d’un art forgé par le christianisme…C’est la seule forme d’art-on va m’étriper de dire cela mais tant pis- qui témoigne d’une telle tendresse, d’une telle spiritualité et d’une telle humanité. »

 

Cet art forgé par le christianisme, Noëlle Dedeyan nous en offre un  exemple somptueux, dans un livre intitulé Venise mariale, guide artistique et spirituel. Elle nous propose tout simplement de réciter le rosaire en choisissant, dans quelques unes des  137 églises de  Venise, les tableaux évoquant les  quatre mystères.   L’avant propos nous révèle le lien entre Venise et la VIERGE : « Réputée pour avoir été fondée le jour anniversaire de l’Annonciation, le 25 Mars 421, Venise surgie des eaux par la volonté de l’homme a toujours entretenu une relation privilégiée avec la Vierge Marie. La date de sa fondation coïncidant avec la venue de l’ange Gabriel envoyé à Marie pour lui annoncer qu’elle sera la mère du Fils de Dieu en qui repose l’espérance de l’humanité, la ville commémore aux yeux de ses habitants la création du monde. Née divine, Venise s’identifiant à Marie se considérait vierge car n’ayant été profanée (avant la dissolution de la Sérénissime République) par aucune domination étrangère. Sancta villa( ville sainte, lieu d’embarquement pour les pélerinages en Terre Sainte, sacré et profane y furent étroitement mêlés et les représentations de la Vierge sont multiples dans la cité lagunaire. »

Dans les églises mais aussi sur les ponts, celui du Rialto notamment, à l’abri dans des petits édicules, devant l’embarcadaire des gondoles place Saint Marc, au coin des rues sur les facades, innombrables sont les statues ou bas reliefs représentant la Sainte Vierge. Noëlle Dédeyan rappelle aussi l’histoire du Rosaire institué par le pape Pie V pour remercier Marie de la victoire de Lépante donnée à la flotte chrétienne et à Venise qui joua un rôle décisif. »Le pape attribua la victoire aux multiples processions organisées à Rome par les confréries du Saint Rosaire. En 1573,sous le pontificat de Grégoire XIII, la fête de Notre Dame de la Victoire devint celle du Saint Rosaire et fut fixée au premier dimanche d’Octobre.

L’Annonciation du Polyptyque de Saint Vincent Ferrier de Bellini, sa jeune vierge les mains jointes, si priante et si belle devant un rideau de soie cramoisie, l’institution du Rosaire de Tiepolo à Santa Maria del Rosario dans le Dorsoduro, et son prodigieux va et vient des anges entre le ciel et la terre , le couronnement de la Vierge de ce peintre peu connu et exposé à Paris l’hiver dernier, Cima da Conegliano en l’église Saint Jean et Saint Paul, tels sont parmi des dizaines d’autres , les trésors artistiques nés du christianisme. Le livre contient quatre circuits, facilitant ce pélerinage autour des mystères du Rosaire. Il s’achève aussi sur un index biographique de presque tous les artistes vénitiens concernés par ce travail. Toutes les notices commencent par X: fils de… ou élève de…Ce qui signifie que ces artistes apprenaient longuement leur art de leur père, déjà dans la carrière, ou d’un maître.

Réciter 200 Je vous salue Marie à Venise est un programme qu’aucune agence touristique n’avait pensé à nous proposer. Le bonheur artistique est d’autant plus grand qu’ Internet nous propose pratiquement tous les grands tableaux expliqués dans ce livre et dont on ne voit que des détails bien sûr .Que Noëlle Dédeyan soit infiniment remercié pour cette invitation au voyage spirituel sur place ou autour de notre chambre. 

 

Et si l’art  contemporain , artistes et public confondus, n’était qu’un franc et massif refus de cet art chrétien ?  Un refus du christianisme pur et dur , idélogique , nous sommes devenus des dieux, nous n’avons plus besoin de Dieu. Une volonté marxiste aussi d’ obéir à l’oukase « du passé faisons table rase. » On ne risque pas de voir les nouveaux fabriquants d’art évoquer leur maître, ils n’en ont pas, ils sont trop forts…Une dernière raison pourrait être tout simplement l’inculture abyssale de nos contemporains .L’enseignement du catéchisme étant passé de mode, des pans entiers de notre culture deviennent pour eux des hiéroglyphes.

Aude de Kerros, après avoir écrit L ‘Art caché, celui qui est occulté par l’art financier  et Sacré art contemporain. Evêques, inspecteurs et commissaires,  nous offre un nouveau livre en collaboration avec Marie Sallantin et Pierre Marie Ziegler intitulé: 1983-2013. Les années noires de la peinture, une mise à mort bureaucratique. Ils racontent, preuves à l’appui comment les inspecteurs de la création (comme en Russie il y avait des ingénieurs des âmes ! ) ont décidé que la peinture serait rayé des cadres….Tout se fit ,dit Aude de Kerros, par voie administrative, sans que pèse sur quiconque la menace d’un goulag. Les peintres n’ont subi qu’une relégation domestique, l’exil à la maison ».Le budget du ministère de la culture est énorme, 2 milliards cent. Ce trésor devait fatalement attiré certaines personnes .Des  commissaires gouvernementaux, des inspecteurs qui ne ressemblent pas du tout, c’est le moins qu’on puisse dire à Nicolas Fouquet mais aussi les marchands se sont unis pour mettre la main sur le magot dans un véritable fric frac!

Jack Lang, entre autres , a nommé des commissaires très jeunes, la plupart sans culture , sans aucune expérience artistique, pour tout régenter et  acheter en dehors de la France la plupart des  oeuvres.

Les commissaires marxistes voulurent anéantir tout ce qui n’était pas marxiste et les marchands américains, tout ce qui prouvait l’immense apport de la peinture,  chrétienne ou non,  européenne . Le film , La ruée vers l’art montre bien ces chercheurs d’or , les marchands, comme les industriels de la peinture créant le filon qu’ils vont exploiter. Ce fut rapidement beaucoup plus juteux que de s’arracher les dernières grandes oeuvres disponibles sur le marché.

« Ce n’est pas Philippe IV qui a fait Vélasquez, ce n’est pas la IVe République qui a fait Georges Braque, mais c’est la Ve République qui a fait Daniel Buren. » écrit bellement Marie Sallantin. Michel Schneider lui fait écho   pour rappeler qu’il ne pouvait y avoir une politique de l’art . « Une politique de la conservation, oui, une politique de l’enseignement, bien sûr,une politique des professions artistiques, évidemment mais pas une politique de la création. …Je ne connais pas de régimes qui aient politisé la question de l’art, ou esthétisé la question de la politique, sans avoir été finalement totalitaires. »

Pendant que les « hochets pour vieux bébés » , ceux de Koons, Murakami et autres apportaient richesse et célébrité à ceux ci ,

 les vrais peintres vécurent le martyr de l’art ou l’art livé aux bêtes selon le beau titre d’ Henri Charlier  . Les faux monnayeurs appuyés sur les « fonctionnaires de l’industrie culturelle » selon Boris Lejeune mènent la danse.

Terminons ce triste et implacable constat avec les propos de Christine Surgins, la comparse d’Aude de Kerros sur Radio Courtoisie et auteur,elle aussi d’un beau livre, Art contemporain : art ou mystification ?, :  « A  la différence des USA, où l’art conceptuel n’a pas éliminé la peinture, où tous les marchés sont possibles, la France se distingue par un « Etat culturel » analysé par Marc Fumaroli. L’AC est soutenu par l’Etat et les grands capitalistes du mercantilisme mondialisé, Pinault, Arnault…qui constituent des trusts artistiques. D’où un art officiel sans contrepoids, unique dans les annales avec une collusion de fonctionnaires/financiers qui utilise le patrimoine de l’Etat et de l’Eglise comme une machine à faire les cotes !. » 

Voilà pourquoi la peinture vénitienne ad majorem gloriam dei , continue de fasciner et que sa cote ne risque pas de s’effondrer comme bien d’autres à l’avenir…

Anne Brassié

PS Nous vous signalons un merveilleux blog intitulé Album vénitien.

qui complêtera parfaitement la lecture de Venise Mariale.

 

Venise mariale. Guide artistique et spirituel. Noëlle Dédedeyan. Favre. Les 3 orangers.

1983-2013. Années noires de la peinture. Une mise à mort bureaucratique? Aude Kerros, Marie Sallentin,Pierre Marie Ziegler. Ed   Pierre Guillaume de Roux  

 

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2 réponses à L’art forgé par le christianisme

  1. Marie...du Val de Marne et d'Anjou dit :

    Magnifique !

    En effet, le christianisme est source d’inspiration ! Cela me fait penser au « Génie du Christianisme », la plus belle oeuvre de Châteaubriant ! l’homme a une parcelle de divin en son âme, et s’il la rejette, il laisse place au démon qui lui inspire d’horribles artifices !

    PS : je signe encore afin que mon cher cousin, Claude, me reconnaisse.

    Marie L : fille d’Antoine, petite fille de Jean et arrière petite fille de Pierre et Olympe…

  2. Pour suivre l’actualité du guide artistique et spirituel de Noëlle Dedeyan, suivre ce lien :
    venisemariale.unblogfr
    Bienvenue à tous les visiteurs

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