Fugue polonaise

 cracovieBeata de Robien ,de livre en livre, raconte sa Pologne. « Rares sont les émigrés heureux. » Le psaume 137 nous a prévenus depuis deux mille ans: « Sur les bords du fleuve de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, pensant à Sion.  »   Cette métaphore est valable pour tous les peuples et  tous les temps.

Beata nous avait raconté  dans Le roman de la Pologne toute l’histoire tumultueuse de son pays. Aujourd’hui elle évoque sous forme romanesque sa jeunesse dans la Pologne des  décennies 60 et 70, une Pologne sous le joug communiste. Le grand père de l’héroïne, brillant agronome et propriétaire terrien a été condamné au goulag. Sa grand mère et ses trois enfants survivent à Cracovie, vendant peu à peu, les richesses de leur ancienne vie, les bijoux, les tableaux, l’argenterie, les lampes et le piano. On leur impose des locataires, leur appartement doit devenir communautaire .Ils ont faim jour et nuit. Le récit de la jeune Bashia à la première personne raconte au jour le jour cette lente descente aux enfers, avec réalisme et humour. Le pire est sans doute son premier amour aveugle pour un jeune français communiste envoyé dans un pays frêre par le Parti Communiste français, beau et con à la fois, dirait Jacques Brel, qui ne comprend vraiment rien à la situation   tragique de sa petite amie.

Mais le plus tragique ou le plus rigolo , selon votre humeur, réside dans les échos renvoyés par ce livre à notre propre vie, aujourd’hui, dans notre bonne démocratie populaire, la haine des riches, la jalousie des bons à rien,  les dénonciations en tous genres comme celle de la Duflot : l’église est trop riche, il faut lui prendre ses biens pour loger les pauvres, la réquisition des logements vides, la discrimination positive en faveur des petits gars de la banlieue comme à Cracovie où des points supplémentaires étaient attribués aux examens  aux élèves ayant une origine sociale méritante !!! Les insultes  couvrant d’opprobre et jetant aux bans de la société les vieux catholiques, les versaillais avec famille nombreuses, les identitaires, les monarchistes etc etc. L’idéologie au pouvoir coupée du réel comme toujours: le riz doit pouvoir pousser en Russie comme chez nous les couples homosexuels doivent avoir des enfants.  Et enfin  la mise au pas de la pensée, la bonne censure qui interdit toutes  critiques du gouvernement parfait puisque socialiste. La citoyenne Filippetti vient de renvoyer le directeur du Centre dramatique de Montpellier pour « difficultés à corriger sa manière de pensée » . Bref il ne reste plus à nos grands libéraux qu’à inventer des goulags territoriaux , la relégation sociale marchant déjà parfaitement. Et nous serons enfin devenus un pays communiste frêre avec 30 ans de retard…..D’où les jeunes fuient par milliers ….sans savoir que sur les fleuves du fleuve de Babylone, ils pleureront à leur tour.

Fugue polonaise, Beata de Robien, Albin Michel

Le roman de la Pologne, éditions du Rocher 

 

Ce contenu a été publié dans Les émissions d'Anne Brassié. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à Fugue polonaise

  1. Ce récit drôle et émouvant, tout en nous immergeant dans la réalité de la Pologne communiste de l’après-guerre, dresse un beau portrait d’adolescente qui restera longtemps dans notre mémoire…
    Et c’est sur Livres en Famille : http://www.livresenfamille.fr/p8160-beata_de_robien_fugue_polonaise.html

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *