Quelques « chroniques du 7ème Art » de 2008 à 2010

Où sont passés les Morgan ?

Un couple de bobos new-yorkais sur le point de se séparer, monsieur a trompé madame, est exfiltré dans le Wyoming pour les protéger du tueur qu’ils avaient identifié. Le contraste entre leurs deux vies est riche et plein d’humour. L’Amérique profonde montre ses vraies valeurs, entraide, patience et endurance, vie réelle et non plus rêvée. Comme ce n’est pas fréquent, on peut y aller et rire à gorge déployée. Le film est plus profond qu’il n’en a l’air. Parfait pour la scéance-débat de ciné-club qui doit suivre la projection en famille.

sortie : 20 janvier 2010


Bright star

Ou les amours contrariées par la mort du jeune poète Keats et de sa jolie voisine. Nous sommes en 1818, dans la campagne anglaise, les sentiments sont nobles et purs. Ces deux années de bonheur sont filmées avec une infinie poésie par la grande cinéaste Jane Campion.

sortie : 6 janvier 2010


Agora

Nous sommes à Alexandrie au 4e siècle. L’empire romain est en train de tomber et les chrétiens grâce à l’empereur Justinien cessent d’être martyrisés. Il y a choc des cultures comme on dit. Les pauvres païens, dont la très belle philosophe Hypatie, et les pauvres juifs vont être trucidés par les vilains chrétiens dont le chef ressemble à Savonarole. Ils vont même brûler la fameuse bibliothèque. La vérité historique oblige à reconnaître que la bibliothèque a été brûlée deux fois en effet, la première par Caesar et la seconde par les arabes. La belle Hypatie a bien été lapidée mais son indépendance professionnelle et son influence sur les jeunes hommes de la cité, son refus du mariage et sa virginité ont davantage provoqué sa mort que son paganisme. En pays méditerranéen une femme n’a aucun droit à l’indépendance… Bref ce film espagnol est une charge contre les chrétiens un peu élémentaire mon neveu !

sortie : 6 janvier 2010


Contes de l’âge d’or

Dans ses quatre histoires différentes à la ville et la campagne, le cinéaste roumain démontre avec un humour décapant la force du réel face à la propagande. Le régime de Ceaucescu fut moins drôle mais le rire est la force des désespérés.

sortie : 30 décembre 2009


La religieuse portugaise

Une actrice part jouer La religieuse portugaise, très beau texte du XVIIe siècle, à Lisbonne. Elle y rencontre une autre religieuse qui lui apprendra le véritable amour et l’enfantement. Cette dernière s’appelle Jeanne car elle veut, comme Jeanne d’Arc, lever le siège de Dieu en elle. Images et sons, la musique du fado est prenante, textes et acteurs magnifiques. D’une grande poésie, d’une grande vérité et spiritualité.

Courez au Saint André des arts. Comme c’est étrange ce film, a été très mal distribué ! Les réseaux de diffusion n’aimeraient pas ce qui est chrétien ?

sortie : 11 novembre 2009


Capitalism : a love story

Michael Moore continue son portrait au scapel du capitalisme américain. Il filme ses derniers ravages, gens expulsés et ruinés. Il montre parfaitement les liens entre les membres du congrès américain et les banques. Ils émargent tantôt ici et tantôt là. C’est plus facile pour régler leurs petites affaires au mieux. Dans les dernières minutes du film, toujours avec le même humour insolent, il entoure une banque du ruban jaune sur lequel est inscrit « scène de crime » comme le font les policiers pour interdire un lieu où vient de se passer un délit criminel. Pas mal vu…

sortie : 25 novembre 2009


Le vilain

Albert Dupontel a créé une fable sur le bien et le mal et le pouvoir des mères en la matière. Une vieille dame, géniale Catherine Frot, comprend qu’elle ne pourra quitter la terre sans ramener son affreux jojo de fils, excellent Dupontel, sur le bon chemin. Une certaine poésie fantastique, une tortue meurtrière, des gags très amusants, Jacques Tati eût aimé, je crois.

sortie : 25 novembre 2009


Le concert

Le cineaste français raconte, avec son humour de juif roumain, l’épopée d’un ancien chef d’orchestre du Bolchoï, limogé par les soviétiques à cause de la présence de musiciens juifs dans son ensemble. Retrogradé au rang d’homme de ménage – le communisme n’aime pas les artistes non plus -, il intercepte une invitation du Théatre du Chatelet, recompose son orchestre et s’envole pour Paris. Beaucoup d’insolence à l’égard de tous, russes, soviétiques, musiciens juifs et catholiques français. Marie-Noëlle Tranchant écrit fort bien : « C’est brouillon, farce, grotesque, lyrique, émouvant, slave, gitan, formidablement joué et emporté par la virtuosité de Mihaileanu jusqu’à un final enthousiasmant, aux accents de Tchaïkovski. » J’ajouterai : c’est presque du Kusturica.

sortie : 4 novembre 2009


Departures

Film japonais d’un grand charme et d’une belle intelligence. Un violoncelliste dont l’orchestre a été dissous retrouve un travail dans  sa ville natale, au nord du Japon. Il prépare les morts au moment de la mise en bière. Réflexion sur la mort dans la vie contemporaine, les réactions des uns et des autres, l’importance de ce passage d’une vie à l’autre. Pas du tout morbide, on arrive même à sourire.

sortie : 3 juin 2009


Good Morning England

Film plein de fantaisie sur les radios pirates anglaises dans les années soixante. Mais derrière la fantaisie on voit toute la pourriture qui va envahir les radios de musique pop appelant les jeunes à la jouissance sexuelle. Le ministre anglais qui veut fermer cette radio a bien sûr la tête d’Hitler. Le message est clair, masturbez vous, baisez sinon vous êtes un nazi.

sortie : 6 mai 2009


Un mariage de rêve

Nous sommes dans un château anglais après la première guerre mondiale. Le fils de famille ramène à la maison sa jeune femme, une américaine championne de rallye. Le contact sera rugueux entre l’aristocrate qui veut maintenir la tradition et ses terres et la jeune femme qui apporte dans ses bagages, le féminisme, l’euthanasie et Picasso. La bataille n’est toujours pas terminée…

sortie : 6 mai 2009


Let’s make money

Ce petit film d’un cinéaste allemand est une enquête sur le système capitaliste à son apogée, celle du renard totalement libre dans un poulailler. Une succession de témoignages terrifiants sur les paradis fiscaux, les chantages économiques et les ravages des fonds d’investissements. Avec le rappel de ces conférences du Mont Pèlerin en Suisse, dès 1947, où la dérégulation de tous les systèmes financiers ont été décidés par les américains et les alliés.

sortie : 15 avril 2009


Katyn

Le film de ces cinquantes dernières années avec la Passion de Mel Gibson. Vous saurez tout sur le martyre de la Pologne catholique, depuis l’invasion allemande jusqu’à la fin de l’occupation soviétique, et  l’exécution de 20 000 prisonniers polonais dont 4 000 officiers par les soviétiques. Crime occulté parce que les communistes sont toujours des dieux et les catholiques des chiens pour un certain nombre de nos contemporains. Ce film de l’immense cinéaste Andrej Wajda, dont le père est mort à Katyn, rappelle aussi l’éternel devoir d’Antigone : il faut honorer la mémoire des morts et explique comment les Polonais ont dû vivre avec les troupes d’occupation soviétiques. Dur mais magnifique.

sortie : 1er avril 2009


Gran Torino

Il s’agit d’une belle américaine fabriquée chez Ford au temps de sa splendeur, bichonnée par son propriétaire, un ancien de la Guerre de Corée, obsédé par ses souvenirs de guerre et convoité par un gang de hmongs. Ce film superbe est l’histoire d’une rédemption par le sacrifice où chacun retrouve sa place sur terre et se relie aux autres. Clint Eastwood ne tire plus qu’avec son index mais quelle force émane de son personnage ! L’adolescent voisin et sa sœur, d’origine hmong eux aussi, ne s’y trompent pas et l’adoptent pour père. Remarquablement construit, remarquablement joué, ce film montre une fois de plus qu’il ne fait pas bon vivre pour tout le monde là bas… Pas catholiques ou cathos progressistes s’abstenir, certaines scènes pourraient vous heurter !

sortie : 25 février 2009


Au diable Staline, vive les mariés !

Le titre roumain de ce film est beaucoup plus beau et plus juste : La noce muette. Le film se passe en 1953, après la collectivisation des terres ruinant un village qui pourtant résiste à sa manière. Beaucoup d’humour, de poésie pour raconter un fait tragique. Du grand cinéma.

sortie : 18 février 2009


Les noces rebelles

Kate Winslet s’ennuie dans sa jolie maison, avec deux beaux enfants et Di Caprio. Il y a tout de même des situations plus dramatiques ! C’est son droit mais l’on a envie de dire à cette Bovary américaine des années soixante qu’elle n’a pas grand chose dans la cervelle si ce n’est des fantasmes. La vie se vengera salement. Ce qui est marrant ce sont les silences de la critique sur la fin du film et le titre légèrement exagéré, Les noces rebelles, qui ne recouvre pas la réalité plus faiblarde…

sortie : 21 janvier 2009


Slumdog millionaire

Le millionnaire du bidonville, ce qui serait un titre plus français, est un excellent film. L’histoire, les personnages, deux frêres et une petite fille, le rythme, tout est bon. Mais encore une fois la critique reste à la surface. Si le jeune homme trouve la fortune ce n’est pas pour l’avoir cherché. Il cherchait la femme aimée à laquelle il restait fidèle. La philosophie indienne n’est évidemment pas à la portée de tout le monde. Ne pas emmener d’enfants trop jeunes, certaines images sont dures.

sortie : 14 janvier 2009


Australia

Superbe film à l’américaine. Avant la guerre de 14, Nicole Kidman, une anglaise titrée, récupère la ferme australienne de son mari assassiné dans le bush, et réussit à vendre son troupeau au gouvernement avec l’aide d’un beau cow boy. La spectratrice est ravie de s’identifier à l’héroïne. Vous ne le trouverez plus en salles, seulements en video. Pourquoi ? Parce que le message est vilain, vilain. Elle adopte un petit métis qui finalement l’abandonne pour retrouver son grand-père, ses mythes et ses traditions et choisit sa race noire. Sans mémoire et sans mythe personnel un individu n’est rien, dit l’un des personnages. La critique a critiqué méchamment mais la morale du film était juste…

sortie : 24 décembre 2008


Séraphine

[7 César 2009, dont celui du meilleur film]

Séraphine est l’histoire authentique d’une femme peintre qui a vécu à Senlis et est morte dans un asile de fous en 1942. Grâce à un marchand de tableaux allemand qui achète pour collectionner et non pour vendre, elle sort de sa condition misérable de femme de ménage, développe ses dons avant de devenir folle. L’actrice, Yolande  Moreau, est remarquable. Très belles images, qui expliquent ce qu’est la peinture, très belle bande son et évocation de la vie au début du siècle à Senlis.

sortie : 1er octobre 2008


Vicky Cristina Barcelona

Le dernier Woody Allen m’a ennuyée. Deux américaines débarquent à Barcelone pour l’été et tombent dans les filets d’un Don Juan. Où est le comique ? Les vues de Barcelone sont stéréotypées. On sait d’avance ce qui va se passer à l’image suivante. Les dialogues sont nuls mais branchés, ce qui explique les bonnes critiques. Le Don Juan de Mozart et tous les autres se terminent par la mort du Burlador. Pas celui de Woody. Dommage cela aurait donné du poids à son film…

sortie : 8 octobre 2008


Cherry Blossoms (ou Les cerisiers en fleurs, pour obéir à la loi qui exige qu’en France on parle français)

Ce film allemand est une très jolie méditation sur l’amour conjugal qui s’achève au Japon où l’un des deux conjoints réalise le rêve de l’autre qui n’est plus. Le contraste entre la vie lente des parents, faite d’amour et de générosité avec celle de leurs enfants, vie déréglée, trépidante et égoïste à Berlin ou à Tokyo est excellemment vu.

sortie : 10 septembre 2008


Bienvenue chez les Ch’tis

Bien sûr il faut y aller comme dix-sept millions de français. D’abord parce que l’on y rit et c’est tellement bon. Ensuite parce que ce film célèbre l’entraide et la fraternité. On en cause beaucoup en France mais l’action est plus rare. Les raisons de ce succès immense m’ont sauté aux yeux et aux oreilles. Nous sommes tous des Ch’tis bien français ravis, presqu’au sens des ravis de la crèche, de pouvoir s’identifier enfin dans les héros du film. Pas de sexe, ni simple ni tordu, mais une histoire d’amour… pas de credo multiculturel, mais l’affrontement courtois nord sud de la France… pas de lutte sociale, patrons contre ouvriers… pas de décors miteux mais une jolie petite ville du Nord qui ressemble à Bruges, sans les canaux, avec un beffroi dont les cloches enchantent la ville et les habitants. Si le film n’avait pas mis en scène des acteurs originaires du sud de la Méditerranée, on eût crié au pétainisme, au chauvinisme, bref à l’horreur parfaite. Marrante cette leçon d’identité française donnée par des estrangers comme on dit dans le Midi.

sortie : 27 février 2008


L’heure d’été

Le film aurait pu s’appeler « La chute de la maison France ».
Trois jeunes adultes héritent de la maison de leur mère, au milieu d’un parc et riche de trésors artistiques, deux Corot et l’œuvre d’un peintre. Ils vont tout vendre sans l’ombre d’une hésitation. Le fisc, l’expatriation de deux enfants sur trois, la difficulté du partage, toutes les raisons sont bonnes. Les petits enfants pourront se brosser. Les œuvres, tableaux et meubles, partiront au musée où personne ne les aimera. D’une tristesse infinie et tellement vrai. Bien joué et bien filmé mais à éviter si l’on n’a pas le moral…

sortie : 5 mars 2008


Promets-moi

Emir Kusturica raconte une nouvelle fois une fable profonde et drôle qui enchante ceux qui aiment son cinéma. Un paysan ordonne à son petit fils devenu grand de partir en ville, vendre leur vache, acheter une icône et trouver une femme et la remener. Le programme sera accompli après moult péripéties qui soulignent la volonté des serbes de défendre leur terre, leur spiritualité et leur bon sens. De l’humour et de la folie à revendre. Une satire à peine voilée de ceux qui bombardent pour le bien des peuples ! Vos jeunes et ceux qui le sont restés adoreront.

sortie : 30 janvier 2008


L’île

Réalisateur de La Noce, très joli film sur la Russie de province, Pavel Lounguine nous offre un nouveau très grand film sur le rachat. Obligé de tuer son capitaine pendant la dernière guerre, un marin russe entre au monastère pour expier. Il devient un starets, sorte de saint qui guérit ou soulage les êtres qui viennent à lui. Des photos superbes, un humour très russe et de beaux symboles. Pour tout public à partir de l’adolescence. L’acteur principal est une ancienne vedette de rock. Evidemment parfait en temps de Carême.

sortie : 9 janvier 2008

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